L’appellation de «méthodologie traditionnelle» recouvre généralement toutes les méthodologies qui se sont constituées sur le calque plus ou moins fidèle de l’enseignement des langues anciennes, à savoir le grec et le latin, et qui sont basées sur les méthodes «grammaire traduction» ou «lecture traduction». Quelquefois, elle englobe d’autres méthodes comme la méthode directe, car la dénomination, par extension, est souvent synonyme de non-audiovisuel.
Il n’est pas facile de dresser un bilan succinct de la méthodologie traditionnelle d’enseignement des langues vivantes parce qu’elle s’étale sur plus de trois siècles, et qu’elle prend des formes variées au cours de son évolution. On peut noter cependant que ces méthodologies sont toutes marquées par:
– L’importance donnée à la grammaire;
– L’enseignement d’une langue normative centrée sur l’écrit;
– Le recours à la traduction;
– L’importance de la littérature comme couronnement de l’apprentissage d’une langue.
La méthodologie directe ouvre le XXe siècle puisqu’elle a été officiellement imposée dans l’enseignement secondaire français par les instructions ministérielles de 1901, mais elle évaluera très rapidement vers une méthodologie mixte, c’est-á-dire mi-directe, mi-traditionnelle et se maintiendra jusqu’à la Première Guerre mondiale. Comme la plupart des méthods, elle marquera une évalution importante pour les débuts de l’apprentissage, mais aura du mal à détrôner les lignes de force instituées par les méthodologies traditionnelles pour les niveaux intermédiaire et avancé, même si à l’exercice de version se substitue la lecture expliquée des textes et que les trois pôles langue-littérature-civilisation trouvent une nouvelle orientation, fort détaillée dans les instructions ministérielles. C’est pourquoi, certains spécialistes la classent dans les méthodes de l’enseignement traditionnel tout en notant ses spécificités propres.
Comme pour toute méthodologie, la méthodologie directe s’élabore d’une part en fonction de nouveaux besoins sociaux mis à jour par la révolution industrielle et, d’autre part, en réaction à la méthodologie traditionnelle qui accordait une place écrasante à la traduction et qui préconisait l’acquisition d’un bagage culturel important. Or, en ce début de siècle, face à l’extension du commerce et de l’industrie se répand fortement l’idée que le but principal de l’enseignement des langues consiste à apprendre à les parler, puis à les écrire, et que leur connaissance pratique doit prévaloir sur l’acquisition d’une culture littéraire. On revendique donc la nécessite de démarquer l’enseignement des langues vivantes de celui des langues mortes.
La principale originalité de la méthodologie directe consiste à utiliser, dès les débuts de l’apprentissage et dès la première leçon, la langue étrangère pratique en s’interdisant tout recours à la langue maternelle et en s’appuyant d’une part sur les éléments du non-verbal de la communication comme les mimiques et les gestes, et, d’autre part, sur les dessins, les images, et surtout l’environnement immédiat de la classe. On apprend ainsi à l’élève à nommer directement les choses qui l’entourent et les actions qu’il voit faire et, au cours de cette étape, il acquiert oralement les mots concrets.
Les caractèristiques essentielles de la méthodologie directe sont:
– l’apprentissage du vocabulaire courant: on commence par les mots de vocabulaire concret qui désignent des réalités palpables, puis progressivement et selon une gradation, on introduit d’autres mots plus absraits que l’on explicitera à partir des mots connus;
– la grammaire est présentée sous forme inductive et implicite; à d’exemples bien choisis, on conduit l’apprennant à découvrir les régularités de certaines formes ou structures et à induire la règle qui ne peut être explicitée ni dans la langue maternelle, ni vraiment dans la langue étrangère étant donné que le bagage lexical de l’élève est réduit au vocabulaire concret;
– l’accent est mis sur l’acquisition de l’oral et l’étude de la prononciation, qui repose sur une démarche analytique (d’abord le phonème, puis la syllabe, le mot, le groupe de mots, etc. Pour arriver une rythme et à l’intonation) et suppose une véritable gymnastique des organes vocaux, occupe une place importante dans les débuts de l’apprentissage. La prédominance de l’oral, qui s’exerce par tout un jeu de saynètes ou d’activités de drmatisation qui engagent le corps, conduit à poser le problème de ce que l’on apellera plus tard le passage à l’écrit; en effet, dans cette méthodologie, l’écrit est d’abord envisagé essentiellement comme un auxiliaire de l’oral (dictée, questions sur des textes qui appellent la reprise quasi totale du texte et qui rappellent le questionnaire déclencheur d’activités orales, etc.);
– la progression prend en compte les capacités et les besoins des étudiants; la réutilisation de ce qui a été appris pour apprendre du nouveau régit entièrement la progression qui part donc du connu pour aller vers l’inconnu, du plus simple au plus compliquè et du plus concret au plus abstrait;
– l’approche globale du sens: par exemple, on favorise toujours la construction du sens d’un mot par rapport à la phrase ou la proposition complète qui le véhicule; mais cette méthode est surtout visible dans les procédures mises en oeuvre pour l’approche des textes: dégager l’idée d’ensemble, le sens général, prévaut toujours sur la perception du détail ou l’explication des mots.
Bibliographie
- CUQ Jean-Pierre et Isabella Gruca, Cours de didactique du français langue étrangère et seconde. Grenoble:PUG,2005.
- w.w.w Bonjourdefrance.com.
- Albarello L., Choisir l’étude de cas comme méthode de recherche. De beack (2011).