Arbitraire et motivation | Статья в журнале «Молодой ученый»

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Рубрика: Педагогика

Опубликовано в Молодой учёный №7 (111) апрель-1 2016 г.

Дата публикации: 18.03.2016

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Шодиева, И. О. Arbitraire et motivation / И. О. Шодиева. — Текст : непосредственный // Молодой ученый. — 2016. — № 7 (111). — С. 729-731. — URL: https://moluch.ru/archive/111/27288/ (дата обращения: 19.04.2024).



Le signe estarbitraire dans la mesure où il n'existe entre le signifiant et le signifié aucune relation autre qu'une pureconvention des locuteurs; dans le cas contraire il est ditmotivé.

C'est un des postulats de la linguistique moderne que la langue est un système de symboles arbitraires et immotivés; qu'il n'y a aucun lien naturel entre le nom et la chose nommée et que c'est en vertu d'une relation purement conventionnelle quecheval, horse oupferddésignent l'animal.

Le problème de l'arbitraire du signe linguistique a depuis Saussure soulevé de nombreuses discussions. Il semble bien que Saussure visait surtout la théorie alors régnante d'une origine onomatopéique des sons sans exclure la notion de motivation sur d'autres plans.Nous avons en effet trois notions:arbitraire, motivation, convention. Arbitraire s'oppose à motivé et a pour corollaireconventionnel, étant donné qu'en l'absence de toute motivation seule la convention fonde la signification. Maisconventionnel n'exclut pasmotivé.

Or, l'essence du signe linguistique est la conventionnalité et non pas l'arbitraire, conventionnalité quitend à la démotivation du signe et donc à l'arbitraire mais qui n'exclut pas la motivation; simple-; ment dans ce cas la motivation constitue un caractère secondaire, non immédiatement nécessaire et qui, de ce fait, tend à s'altérer, à s'obscurcir et souvent à s'effacer. L'observation des phénomènes linguistiques permet d'affirmer deux faits indiscutables. Premièrement, une large partie des mots que nous employons est effectivement motivée et cette motivation, plus ou moins consciente, selon les cas, détermine l'emploi de ces mots et leur évolution. Deuxièmement, toute nouvelle création verbale est nécessairement motivée; tout mot est toujours motivé à l'origine et il conserve cette motivation, plus ou moins longtemps, selon les cas, jusqu'au moment où il finit par tomber dans l'arbitraire, la motivation cessant d'être perçue.

Ainsi, en face du signe arbitraire ou motivé, la plupart des locutions constituent une troisième catégorie de signes bâtards et incomplètement ou faussement motivés: elles ne sont point arbitraires puisque l'image signifiante tend à s'actualiser; elles ne sont point motivées puisque cette image ne supporte généralement pas le sens dans la conscience des sujets parlants ou le supporte à contre-temps.

Entre le signe immotivé (arbitraire), et le signe motivé, la plupart des locutions constituent des expressions semi-motivées et le plus souvent paramotivées (dans la mesure où elles s'appuient sur une image voisine de l'image initiale) et qui peuvent devenir pseudo-motivées lorsqu'elles s'en écartent complètement.

La motivation constitue donc un des caractères fondamentaux de signe linguistique. Elle peut prendre quatre formes: phonétique, métasémique, morphologique, paronymique, les deux premières étant externes, les deux autres internes.

  1. La motivation est externe lorsqu'elle repose sur une relation entre la chose signifiée et la forme signifiante, en dehors du système linguistique.

a) Il y a motivation phonétique — directe et naturelle dans les onomatopées qui reposent sur une analogie entre la forme phonique et la chose nommée. Le signe onomatopéique repose toujours sur une convention et tend à se démotiver, il n'en reste pas moins que toutes les langues exploitent la motivation phonétique qui, sous les formes diverses, joue un rôle très important.

b) Il y a motivation métasémique dans le cas des changements de sens. La signification est alors relayée. Ainsi dans la métaphore qui désigne un poisson sous le nom deloup, nous avons un signifiant acoustique primaire (la forme phonique «loup») qui désigne normalement le mammifère et ce premier signifié constitue un signifiant secondaire, menant à un second signifié, le poisson.

  1. La motivation est interne lorsqu'elle a sa source à l'intérieur du système linguistique. La relation motivante n'est plus ici entre la chose et la forme signifiante, mais entre le mot et d'autres mots existant déjà dans la langue.

a) La motivation morphologique en est le type le plus général et le plus fécond; elle repose sur la dérivation et la composition. Ainsi on formebananier à partir debanane sur le modèle de la sériepommier, cerisier, abricotier, etc.

b) La motivation paronymique, moins régulière et plus accidentelle, repose sur l'assimilation ou la confusion de deux formes identiques (homonymes) ou voisines (paronymes); ainsi le sens dejour ouvrableest contaminé par celui du verbeouvrir. Dans de nombreux cas, la motivation interne se combine avec la motivation externe; ainsi des onomatopées peuvent être précipitées et actualisées par l'existence de structures au sein du lexique; il en est de même des métaphores ou de certains emprunts. 3. Motivation et démotivation. —Tous les mots sont étymologiquement motivés, qu'ils soient des emprunts (motivés dans leur langue originale), des onomatopées, des dérivés ou composés, ou des changements de sens;.

Tous les mots sont donc étymologiquement motivés, mais et c'est là le point capital — celte motivation n'est ni déterminée, ni déterminante.Elle n'est pas entièrement déterminée parce que la création reste toujours libre à l'intérieur de certaines limites:elle est contingente; tout mode de motivation est toujours possible; on nomme le «coucou» par onomatopée, le «moineau» par métaphore (petit moine), la «huppe» par synecdoque; les épices sont vendues par l'épicier, mais le tabac par le «marchand de tabac» et les remèdes par le «pharmacien».

La motivation d'autre part n'est pas déterminante, elle n'est pas nécessaire au sens qui est actualisé par une association conventionnelle. Il en résulte que l'on oublie; on cesse de voir l'association étymologique entre lemoineau et le moine, entre une banqueet unbanc-, et qui associe un «sandwich» à Lord Sandwich ou des «lunettes» à la lune.Cet effacement de la motivation est d'autant plus général qu'il est souvent nécessaire; car ces associations si elles s'imposaient pourraient entraîner une restriction du sens; un «coucou» n'est passeulement un oiseau au chant caractéristique; un «épicier» ne vend pas seulement des épices; le mot doit évoquer l'ensemble de la chose nommée et non pas le seul caractère motivant qui n'est pas souvent l'essentiel.

La motivationdoitdonc s'effacer au profit du sens car elle risque, dans le cas contraire, de le restreindre et même de l'altérer.

References:

  1. Guiraud P. Les locutions françaises. — «Que sais-je?» P., Presses Universitaires de France, 1967, p. 7.
  2. Guiraud P. La sémantique. — «Que sais-je?» P., Presses Universitaires de France, 1969, ch. I, p. 23–29.


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